Le changement législatif doit être accompagné d’un changement des mentalités
Robert Joosten, membre du comité de l’association Graap et d’Agile, nous explique lors de son discours le 5 septembre avant le dépôt officiel de l’initiative pour l’inclusion à quel point il est difficile de vivre avec un handicap invisible.
Discours de Robert Joosten:
Mesdames, Messieurs,
Je commence par quelques mots de présentation. J’ai 51 ans et je suis docteur en mathématiques. Cela fait un peu plus de 20 ans que je vis avec un handicap psychique pour lequel je touche une rente entière de l’AI. Je travaille à 30% au Graap-Fondation (Groupe d’accueil et d’action psychiatrique) à Lausanne ou je m’occupe de la gestion du site internet et je rédige aussi des articles au magazine de santé mentale Diagonales. Je suis membre du comité de deux associations d’entraide, le Graap-Association et la faîtière Agile.
Aujourd’hui, nous fêtons une belle victoire d’étape pour l’inclusion des personnes avec handicap. Nous avons réussi à récolter 108’000 signatures en 15 mois, ce qui n’était pas tout à fait gagné d’avance.
J’aimerais dans mon message me focaliser sur un domaine important: l’inclusion professionnelle. Elle est problématique pour beaucoup de personnes en situation de handicap, qu’elle soit inexistante, incomplète ou non satisfaisante. Il y a beaucoup de discriminations directes ou indirectes. L’inclusion professionnelle, pour autant que les conditions de travail soient dignes évidemment, permet aussi d’avoir un niveau de vie adéquat et contribue à l’inclusion sociale. Je connais en effet pas mal de personnes avec une rente AI et des prestations complémentaires qui vivent dans la précarité et parfois l’isolement.
Pour ma part, même si j’ai la chance de travailler à 30 %, il s’agit du principal domaine de la vie où ma maladie psychique représente un véritable handicap. Je préférerais travailler à temps plein (ou disons à au moins 80%), utiliser les connaissances et compétences que j’ai acquises et ne pas dépendre d’une rente. Ce qui entrave ma pleine inclusion professionnelle, c’est mon manque de résistance au stress et ma difficulté à être concentré toute la journée dans un monde économique ultra-compétitif.
J’ai l’espoir que l’acceptation de l’initiative ou d’un contre-projet solide ouvrira la porte à une loi permettant une meilleure inclusion professionnelle des personnes avec handicap. Ce ne sera sans doute pas suffisant, le changement législatif devra être accompagné d’un important changement des mentalités dans le monde économique et dans la société. Je pense que la médiatisation liée à l’initiative pourra contribuer à ce changement de mentalité.
Merci de votre attention !